dimanche 20 mars 2011

Balthus, le peintre photographe

Article repris in extenso de Mr Jean-Marie Bourven 

 Balthus, le peintre photographe

Le peintre Balthus dernièrement disparu ( 2001) classé comme peintre figuratif, est aussi (à mes yeux)  l'exemple même du photographe en studio.

En effet, l'ensemble de ses oeuvres picturales reflète d' exceptionnels talents:

- celui de la mise en scène 
- celui du choix des éclairages   
- celui de l'assemblage des teintes et  des couleurs
   
Je suis émerveillé par la rigueur, la précision et la délicatesse des oeuvres de Balthus ( que j'ai découvert il y a peu de temps, et pour lequel mon engouement est croissant) ...

 "maître photographe sans camera", Balthus m'apparaît comme un modèle à suivre en la matière.

Il en est ainsi de nombreux arts, ils s'inspirent et se nourrissent mutuellement, telles  la peinture et la photographie.

C'est en consultant les livres de peinture que vous pourrez enrichir  vos talents de photographe.

Parmi les tableaux présentés, celui-ci retient mon attention:


Le premier regard porté est soumis à une sensation de déséquilibre...on cherche une erreur de perspective, on est troublé par les ombres placées devant le sujet, on cherche la source de lumière...on est intrigué par la jeune fille ... que fait-elle exactement, et pourquoi une telle attitude ?

En fait, il n'y a aucune faute de perspective, il y a bien une source de lumière, et la jeune fille ne fait rien de spécial ( mais les mannequins de la photo de mode font-elles quelque chose de particulier ?) ... c'est une composition, c'est à dire une construction patiemment élaborée par le peintre, un montage de studio tout simplement destiné à celui qui le regarde, sans autre justification que de mettre en scène des objets et des sujets.

Remarque sur les perpectives du tableau: tels les grands photographes, Balthus sait introduire dans la composition un objet qui trouble le regard et l'éloigne des perspectives ennuyeuses...regardez bien le tapis, il est en travers des autres lignes de force du tableau ( horizontales et verticales)...effet de diagonal particulièrement dynamisant.

L'etude de ce tableau n'est pas terminée pour ce qui me concerne...il y a un détail qui m'intrigue: où peut bien se placer  l'éventuelle seconde source de lumière qui éclaire la corbeille à papier placée à la fois sous la table et en pleine zone d'ombre ?

Balthus n'introduirait-il pas là une information destinée à éprouver la logique du spectateur de ce tableau ? où à prouver que sans connaissance de l'environnement de cette scène, tout est possible ?

Commentaire technique:

la différence entre photographie et peinture se situe à différents niveaux:

- celui de la profondeur de champ: en peinture tous les plans sont nets, sujet et fond, ce qui n'est pas toujours le cas en photographie, où cette profondeur de champ n'est obtenue que pour de grandes valeurs du diaphragme ou alors pour de très faibles focales de l'optique de l'objectif.

- celui de l'angle de vue: le photographe ne voit pas avec son oeil, il est là aussi tributaire de la focale de l'optique photo utilisée qui détermine les dimensions du sujet fixé sur la pellicule (ou sur le capteur en numérique)

- celui de l'éclairage: contrairement au peintre qui applique sur sa toile les nuances et lumières à son gré,
le photographe n'est pas libre de faire varier les éclairages de façon aussi libre et personnelle...il y a de nombreuses contraintes liées à la sensibilité du capteur (ASA), à la vitesse de pose ( en fraction de seconde)

prenons un exemple, toujours à partir d'une toile de Balthus:

si l'on voulait réaliser une photographie du même aspect que celle ci-dessous:



 - pour obtenir la profondeur de champ totale
il serait nécessaire:de diaphragmer un maximum
-  pour que le sujet soit bien éclairé malgré le contre-jour, il faudrait de plus utiliser le flash.
-  étant donné la proximité du sujet, pour le couvrir en entier sur le format,
il serait enfin
   nécessaire
d' utiliser un grand-angle (courte focale) .

Un paramètrage correct serait peut-être:  focale équivalente (24x36 argentique):  28 mm
                                                            sensibilité argentique 400 ASA voire 800
                                                            diaphragme: 16 ou 22
                                                            pose 1/125 ou 1/60 au flash

à essayer...en prenant quelques mesures préalables au posemètre.




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