samedi 12 février 2011

Villeglé sous les feux des projecteurs


Marrakech  

Les oeuvres de J. Villeglé sous les feux des projecteurs

L'artiste peintre français Jacques Villeglé expose, pour la première fois au Maroc, ses œ?uvres artistiques depuis le 4 courant et jusqu'au 1er mars prochain à Marrakech.
Visible aux cimaises de la Galerie d'Art Matisse à Marrakech et à Casablanca (1er février au 1er mars), cette double exposition donne à voir un ensemble exceptionnel et riche d'affiches lacérées des années 60 à 90, outre une sélection de graphismes sociopolitiques.
Les mordus de ce genre artistique et le grand public en général auront ainsi à apprécier des oeuvres anciennes et inédites de cet artiste de renommée internationale.
En 2004, avec l'inauguration après extension du MoMa : "Museum of Modern Art de New York", Jacques Villeglé était le seul artiste européen en vie à exposer dans la salle consacrée au Pop Art.
Pour nombre d'observateurs, il s'agit d'une consécration bien légitime pour celui qui signa en 1960 dans l'atelier d'Yves Klein la première déclaration constitutive du mouvement des Nouveaux Réalistes, aux côtés d'Arman, Dufrêne, Hains, Tinguely, Raysse, Spoerri. Des artistes aujourd'hui "historiques", qui avaient voulu s'affranchir de l'abstraction et de la figuration pour ouvrir la "peinture" à des éléments empruntés à la vie quotidienne, à des objets prélevés dans la réalité de leur temps à la suite de Marcel Duchamp.
Quant aux affiches lacérées de Villeglé, elles s'inscrivent à la fois dans une géographie personnelle, car fruit de promenades de l'artiste dans les villes et Paris, mais portent aussi le témoignage du temps. Une fois arrachées à leur support d'origine, cadrées par le regard de l'artiste et marouflées sur toile, elles portent toutes cette double marque, partie intégrante de l'oeuvre, celle du nom de la rue où elles furent prélevées et la date exacte de cette opération.
L'un des mérites de Villeglé est de permettre, via ses oeuvres, cette étrange alliance de lieu et de temps dont elles deviennent, malgré leur côté intrinsèquement éphémère, le témoin définitif. Ce regard en acte que leur porte Villeglé, sans préméditation, révèle leur immense richesse plastique, leur capacité à provoquer émotion esthétique et souvenir, même s'il n'y a pas d'intervention de l'artiste dans le geste de création.
Autre caractéristique intrinsèque à Villeglé c'est qu'il veille toujours à ne jamais totalement montrer "l'objet" de l'affiche, d'ailleurs, c'est cette réappropriation en négatif qui est bien l'acte par lequel il fait surgir cette "peinture dans la non peinture" qui fera de lui un des représentants les plus reconnus de l'Art français du XXème siècle.
Villeglé crée alors un alphabet personnel fait de signes, de symboles et d'inscriptions qui appartiennent à différents langages, à différentes cultures: les graphismes sociopolitiques.
Il va développer une écriture inédite et singulière qui mixe dans un même ensemble des signes symboliques, des pictogrammes, des sigles politiques, religieux, et ceux de la finance même, en les faisant cohabiter.
MAP

mercredi 2 février 2011

Edward Steichen / Un voyage tous azimuts dans le XXe siècle

La vie d'Edward Steichen (1879-1973) est un roman. Et son oeuvre multiple. Portraits, paysages, natures mortes, mode, célébrités, guerre, publicité… Rien n'a échappé à l'oeil de ce Luxembourgeois devenu citoyen américain à 21 ans et qui, dès ses débuts, a voulu faire de la photographie un art à part entière.
    
    La rétrospective «Edward Steichen. Une épopée photographique», c'est tout un pan d'histoire en 350 images, dont nombre d'inédites. Autant de trésors qui reflètent toutes les facettes d'un personnage éclectique et médiatique. D'un passionné d'horticulture, aussi, grand spécialiste des delphiniums, qui adorait faire pousser des fleurs inconnues.
    



    Il était donc une fois un adolescent doué… Qui commence à photographier sa famille, ses proches, la nature des environs de Milwaukee (Wisconsin): une jeune fille au canotier, un paysage enneigé. C'est la période pictorialiste d'Edward, qui peint aussi, teintée d'impressionnisme. En 1900, il part pour Paris – toute sa vie, il fera des allers-retours entre l'Europe et l'Amérique –, rencontre le sculpteur Rodin qu'il portraiturera, comme Richard Strauss ou Henri Matisse. Steichen est aussi à l'aise avec les artistes qu'avec les mondains. C'est un jet-setter avant l'heure. Et un pionnier de la photo de mode. Sans parler des people. Au début des années 1920, il devient photographe en chef de Vogue et Vanity Fair. Garbo, Dietrich, Roosevelt (Théodore), Chaplin, Fred Astaire, Disney, Gershwin, ont été ainsi «steichenisés». Tous voulaient être «steichenisés» à l'époque. Car il avait l'art de créer pour chacun une ambiance particulière, de piger, très vite, la personnalité de son sujet.

Source: Le Matin